Les presques-critiques de décembre
J'ai été une bien mauvaise chroniqueuse ce mois de décembre.
J'ai pourtant dévoré plusieurs centaines de pages lors de mes vacances à Antalya (sur la côte méditérannéenne turque) ou dans les nombreux avions de ces dernières semaines mais je n'ai pris le temps d'écrire aucune impression sur du papier.
DU coup, tout se mélange, tout s'estompe et j'aurais bien du mal à tirer des impressions flottantes encore vaguement dans mon crane de piaf des critiques dignes de ce nom.
ALors pour mes derniers livres lus je vais me contenter de quelques lignes floues si vous voulez bien.
Le Voyageur Imprudent de René Barjavel
Ma note: 3/5 une découverte pas désagréable
Le topo:
" Le lendemain, il avança d'un siècle de plus. Puis de deux, de trois,
de cinq. Ce qu'il vit et rapporta à l'infirme leur parut tellement
effrayant qu'ils décidèrent, d'un commun accord, de faire en avant un
bond gigantesque pour être immédiatement fixés sur le sort de leurs
lointains petits-enfants.
En effet, si l'électricité avait disparu,
et la civilisation de la machine trouvé son terme, une force nouvelle
était née ; l'humanité, qui avait appris à l'utiliser, subissait une
telle évolution dont l'esprit des deux hommes n'osait prévoir
l'aboutissement. Quand Saint-Menoux, ce jour là, appuya sur le bouton
de départ... "
Mes lignes floues:
Un jour, chez moi, à Ankara, est passé un voyageur, pas vraiment imprudent, qui suivait une route toujours plus vers l'est.
Il était en mal de livres.
Je lui en ai donc passé un (très bon: Allah n'est pas obligé) et il s'est délesté de ce "Voyageur imprudent" qu'il avait terminé en échange.
Non seulement je ne suis pas une grande adepte de la science fiction mais je ne connaissais rien ni de ce Barjavel ni de son oeuvre. J'ai découvert un auteur considéré comme classique dans ce genre et un livre tout à fait plaisant sur le thème du voyage dans le temps.
Je l'ai parcouru aisément même si j'ai buté et été rebutée par des passages misogynes assez stupéfiants.
Petit déjeuner avec Mick Jagger de Nathalie Kuperman
Ma note: 2/5 : quitte à pouvoir parler à des hommes innaccessible pour lui raconter mes malheurs et mon mal de vivre, j'en aurais choisi un autre
Le topo:
Mick Jagger est sur le point de se réveiller. Il va rejoindre Nathalie
dans la cuisine où elle l'attend, une tasse de café à la main.
Cette
scène, Nathalie l'a-t-elle vraiment vécue ?
Ou bien n'est-ce qu'une
image inventée, fixée à jamais dans son esprit ?
Entre l'adolescente
fantasque et l'écrivain qui, trente ans plus tard, tente de mettre de
l'ordre dans son passé, il y a ce personnage clé, Mick Jagger, comme la
pièce manquante d'un puzzle inlassablement recommencé. Un premier amour
imaginaire. Mais aussi la meilleure façon de se raconter des histoires.
Dans ce roman où réel et fiction se mêlent, Nathalie Kuperman met en scène une jeune fille seule dans un appartement à Paris, un déménagement, une agression sexuelle, une mère déprimée, une obsession. Et le désir éperdu de rejoindre, enfin, la vraie vie.
Mes lignes floues:
Je me souviens avoir été très sceptique avant de le lire. Un livre qui choisit de mettre le nom d'une telle star dans son titre me semble chercher à compenser par cette stratégie marketing une certaine médiocrité ou alors à atteindre un public qui n'est pas moi.
Mais ce livre m'a été offert, alors!
Et puis je l'ai lu en un coup de vent et l'ai oublié tout aussi vite.
Je me souviens d'un monologue qui vire doucement vers la détresse et la folie avec pour fil rouge, pour obsession, ce rocker à la gueule cassée qui, s'il est en communication télépathique avec la narratrice désespérée, à moi ne m'a pas pas du tout parlé.
La Batarde d'Istanbul de Shafak ELif
Ma note: 3/5 un livre coloré et épicé
Le topo:
Chez les Kazanci, Turcs d'Istanbul, les femmes sont pimentées,
hypocondriaques, aiment l'amour et parlent avec les djinns, tandis que
les hommes s'envolent trop tôt pour l'au-delà ou pour l'Amérique.
Chez
les Tchakhmakhchian, Arméniens émigrés aux Etats-Unis dans les années
1920, quel que soit le sexe auquel on appartient, on est très attaché à
son identité et à ses traditions.
Le divorce de Barsam et Rose, puis le
remariage de celle-ci avec un Turc nommé Mustafa suscitent
l'indignation générale.
Quand, à l'âge de vingt et un ans, la fille de
Rose et de Barsam, désireuse de comprendre d'où vient son peuple, gagne
en secret Istanbul, elle est hébergée par la chaleureuse famille de son
beau-père.
L'amitié naissante d'Armanoush Tchakhmakhchian et de la
jeune Asya Kazanci, la " bâtarde ", va faire voler en éclats les
secrets les mieux gardés...
Mes lignes floues:
J'ai lu la Batarde d'Istanbul avec le même plaisir que j'avais vu "Lost in Translation" après quelques mois de vie Tokyoïte: le plaisir de la néophyte pas, enfin, plus complètement perdue et qui remarque avec joie comprendre et ressentir l'athmosphère dépeinte.
Ce livre nous plonge dans le chaos hétéroclite stambouliote et dans la vitalité du peuple turc.
Il nous dépeint des personnages colorés et leurs rencontres en sont forcément à la hauteur.
Il les amène à nous faire sentir, gouter, entendre la ville stupéfiante qu'est Istanbul.
Ce sont aussi des interrogations trans-culturelles, des rencontres intergénérationnelles, tous ces thèmes qui me sont chers, et puis des sujets tabous ici comme le génocide arménien, le devoir de mémoire, la cohabitation, la pluralité turque, des sujets qui m'intéressent et qui sont ici traités avec pétillance et fraicheur.
Si je ne connais pas assez le sujet arménien pour parler du fond, la forme m'a séduite:
- une belle introduction à la Turquie que j'aime, à ses odeurs, saveurs, rumeurs, sa fierté, sa générosité si naturelle mais aussi à ses zones d'ombres, ses remords, ses inquiétudes...
- un souhait évident de rapprocher les peuples
A lire pour vous sentir un peu avec moi.