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Espece de Bohemienne
7 mai 2009

Livre: La chute des prières de Sema Kaygusuz

La Chute des prièresMa note: 4/5 (mon premier livre-baklava : de nombreuses épaisseurs toutes aussi bonnes les unes que les autres mais à déguster doucement, feuille après feuille, pour ne pas s'étouffer)

Le topo: (incompréhensible j'en conviens mais qu'il ne vous décourage pas)

Dans une île méditerranéenne, probablement en mer Egée, Leylan fut un jour abandonnée par sa mère. Son père, muré depuis dans le silence, vit avec elle et lui renvoie chaque jour une douloureuse image d'incomplétude.

Perdue dans ses hypothèses, culpabilisée par les insulaires, Leylan se tourne vers une diseuse de bonne aventure, auprès de laquelle elle espère comprendre, trouver des réponses, admettre l'abandon.

Peu convaincue par ses propos, Leylan convoque l'étonnante galerie de personnages qui peuple cette île, fait affleurer les mystères et les croyances puis, toujours insatisfaite. s'éloigne encore du réel pour mieux l'appréhender.

Viennent alors s'ajouter à sa quête la puissance des textes fondateurs, poèmes, mythes et légendes écrites ou issues de la tradition orale : toute une polyphonie métaphorique qui fait écho à sa propre histoire, l'autorise enfin à devenir adulte et à percevoir son identité libérée du prisme traumatique de l'enfance.

Un roman initiatique porté par une écriture puissante et limpide. Un texte très ambitieux dans sa forme, qui aborde les origines du récit turc et qui s'inscrit au cœur de la culture anatolienne d'une façon tout à fait remarquable.

La rencontre avec le roman:

A l'école où je bosse, l'ambassade nous envoie régulièrement une dizaine d'exemplaires d'un journal à destination des français et francophones installés en Turquie.

Dans le dernier exemplaire j'avais repéré l'interview d'une romancière: Sema kaygusuz qui parlait de son premier roman qui était encensé par la critique aussi bien turque que française. Son interview était, à mon sens confuse, mais intéressante. Elle était restée dans un coin de ma mémoire sans pour autant que je note ce livre dans ma liste à acheter.

Lors de mon bref passage à Paris pour le weekend de Pâques, je me suis perdue (...) à la Fnac. Je faisais une cueillette savoureuse en me baladant d"un rayon à l'autre quand je suis tombée sur ce bouquin.

Je me souvenais de la très belle couverture et du titre, il m'a fallu un petit temps pour ressituer d'où je le connaissais. Et puis, hop, dans le panier. Viens petit, je te ramène à la maison, en route pour la Turquie.


Mon avis:

Ce livre ne ressemble à rien de ce que j'ai pu lire (et apprécier) jusqu'à présent.
J'ai mis un certain temps à le lire parce que la fin de chaque chapitre m'imposait une pose, le temps d'y penser, de comprendre, de savourer les mots et les idées.

L'écriture est très puissante effectivement et heureusement les phrases sont courtes, les chapitres nombreux. Ca permet d'alléger une lecture qui serait sinon trop intense.
Mais jamais, je n'ai trouvé l'écriture trop lourde. Elle demande simplement une démarche progressive. C'est une dégustation, pas une goinfrade (amis des mots inventés bonjour!).

Un livre qui demande du temps, de l'investissement, un livre fort d'idées et d'images mais qui n'est pas pour autant inaccessible c'est rare.

Le roman est composé de 2 parties, à première vue indépendantes l'une de l'autre mais progressivement on retrouve des liens, des allusions auxquelles on n'arrive pourtant pas à donner un sens précis. Ca reste vague. Mystérieux. Intriguant. Jusqu'au bout.

La première partie se concentre sur le sort de Leylan, jeune fille solitaire qui vit sur une île de la mer Egée avec son père qui se tue doucement dans l'alcool. A son drame familial se mêle la force mythologique de l'île, de son histoire, de ses habitants.
La deuxième partie nous conte Yasur, un jeune garçon des plaines anatoliennes qui part sur la route avec sa mère et leur cheval pour un voyage homérique.

Mais je serais bien incapable de vous parler de cette histoire de façon linéaire et logique. Elle est à la fois sombre, très sombre et très lyrique. On est dans un conte, oui, mais pas dans une version épurée de celles qu'on sert aux enfants.
Ce conte-là est tels que le sont à la base tous nos contes: fantasmagorique où l'on retrouve toutes les affres de l'humanité: la vie, la sensualité, la mort, l'ivresse....

 

Ce livre a une force que je n'avais pas rencontrée depuis longtemps. Cette auteur est une sacré révélation. A suivre donc...

Pour en savoir plus, allez Ici, ou ici, ou encore ici, ou alors ici, ou là, et enfin ici où on vous en parlera bien mieux que moi.

Et puis pour poursuivre dans ma lancée je viens d'acheter quelques DVDs de films turcs. J'en ai déjà vu un que j'ai adoré, je vous en parlerai.

Aujourd'hui je suis lancée dans une lecture beaucoup plus facile, divertissante, amusante: Bo chan, c'est jap et c'est incontournable!

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Commentaires
M
Entièrement d'accord avec vous, ce livre est rare et envoutant aussi. Sans complaisance mais quelle puissance d'écriture. Il vous prend, il vous tient et s'accroche, il fait surgir des sensations intimes et des émotions enfouies.<br /> je vais ma souris docile en main explorer votre bolg.
V
Honte à toi effectivement ^o ^<br /> J'en ai plusieurs à lire sous le coude mais je te conseille franchement celui-là, il est unique!
C
Honte à moi : jamais lu de livre turc ! Celui-ci est attirant !:)
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