Les livres de Mai
Encore un mois fructueux en livres.
L'inconnu du Nord Express de Patricia Highsmith 2/5
Topo:
Deux hommes se rencontrent par hasard, dans un train. Chacun aimerait
se débarrasser d'une personne de son entourage. Et si l'un tuait pour
le compte de l'autre, il serait impossible d'établir le lien entre la
victime et son meurtrier. Bruno est un jeune homme riche qui déteste
son père, nourrit des idées morbides et fomente des crimes parfaits.
Cette fois, il a imaginé un chef-d'oeuvre du genre. Mais son
interlocuteur, Guy Haines, architecte promis à un brillant avenir, est
un homme intègre. Il sera entraîné malgré lui dans une spirale
cauchemardesque.
Mon avis:
Décidemment je suis pas gâtée avec les policiers ces temps-ci. Impossible de tomber sur un bon. J'ai récupéré celui-là lors d'un échange de bouquins comme ça se fait beaucoup entre voyageurs. La nana m'a dit qu'il était top.
Déception, déception! Avis à la population, je cherche un bon policier!!
Ici pas de suspense, on sait déjà qui va tuer qui dès le début. Le seul mystère est: vont-ils se faire prendre ou pas...... Mouai....
Le clan des Otoris ( les 3 tomes) de Lian Hearn 3/5
Topo (du premier):
Au XIVe siècle, dans un Japon médiéval mythique, le jeune Takeo grandit
au sein d'une communauté paisible qui condamne la violence. Mais
celle-ci est massacrée par les hommes d'Iida, chef du clan des Tohan.
Takeo, sauvé par sire Shigeru, du Clan des Otori, se trouve plongé au
coeur de luttes sanglantes entre les seigneurs de la guerre.
Il doit suivre son destin. Mais qui est-il ?
Mon avis (sur le tout):
Une saga fictive et sympa dans un Japon médiéval réinventé. menfin ça vaut pas mon Musashi (voir ici pour mémoire)!
Ambiguïté de Elliot Perlman 4/5
Topo:
Instituteur au chômage, Simon ne parvient pas à oublier Anna, qu'il
aime sans retour depuis dix ans. Un après-midi, sans que rien ne laisse
présager de son geste, il enlève le petit garçon de la jeune femme à la
sortie de l'école. Crime d'un pervers masqué en héros romantique ? Acte
désespéré d'un homme détruit par le chômage ? Ultime tentative d'un
amoureux transi pour attirer l'attention de celle qu'il aime ? Sept
personnages, tous impliqués à des degrés divers dans l'événement,
tentent de trouver une explication à ce geste. Au travers de leurs
témoignages, ils parlent aussi d'eux, de leur souffrance à vivre dans
une société convertie au culte de l'argent, et de leur espoir qu'il y
reste encore, malgré tout, une place pour la poésie et l'amour fou.
Mon Avis:
C'est encore un assez gros livre (850 pages). On découvre vite l'histoire. Bon, ça y est, on la connait.
Mais à chaque nouveau chapitre on la redécouvre sous un autre angle, parfois innatendu, d'ailleurs on peut avoir besoin de plusieurs paragraphe pour situer le narrateur.
AU final ça en fait une histoire bien plus complète, bien plus profonde que d'habitude.
C'est un bon bouquin qui plait à mon esprit éternellement relativiste : persuadé que la Vérité existe certes mais qu'elle est composée des versions de toutes les personnes impliquées de près ou de loin et donc approchable mais pas connaissable.
p855: "Les faits s'accumulent, jusqu'à ce qu'ils soient assez nombreux pour composer une histoire. L'histoire comme toutes les histoires, supporte des points de vue contradictoires"
C'est tellement plus satisfaisant de pouvoir "écouter" chaque personnage plutôt que de les laisser dans leur rôle de "méchant", de "victime", ....
Une Saison de Machettes de Jean Hatzeld 4/5
Topo:
Après avoir recueilli les récits des rescapés tutsis du génocide
rwandais (Dans le nu de la vie. Prix France Culture) Hatzfeld, après de
longs séjours sur place, dans la prison où ils étaient enfermés, la
plupart déjà jugés, a fait parler les acteurs hutus du génocide, en
l’occurrence une bande d’amis originaires de la même région qui, comme
ils disent, sont allés « au boulot » ensemble, c’est-à-dire, ont,
pendant plusieurs semaines, chaque jour, de la même façon que l’on va
cultiver son champ, systématiquement « coupé » leurs « avoisinants »,
avec la claire idée de faire totalement disparaître les tutsis. Ils se
sont confiés à l’auteur de façon complètement libre et directe sans
soucis d’atténuer leur responsabilité, avec un naturel stupéfiant, y
compris pour Hatzfeld. Jamais aucun « génocidaire » du siècle n’a
témoigné de cette façon. C’est ce qui fait d’Une saison de machettes un
livre exceptionnel, unique, d’une force sans exemple.
Mon avis:
Un livre dur parcequ'un recueuil d'entretiens avec des hutus qui se sont livrés au génocide antitstutsien. L'auteur qui avait déjà écrit un recueil de paroles de rescapés tutsis a réussit à réunir des conditions d'entretien où les tueurs ont pû être honnêtes dans leurs déclarations .
Le ton est tellement détaché, les crimes tellement surnaturels, les tueurs tellement inconscients de la monstruosité de leur acte, ils en parlent avec tellement de naturel "ils allaient au travail" que le meutre finit par nous sembler presque aussi banal qu'à eux mêmes. Effrayant.
C'est la photo à la fin, que je n'attendais pas, des tueurs, qui ressemblent à n'importe qui, qui ramène le tout à une dimension tellement humaine et proche de nous, de moi, que s'en est terrifiant.